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La catastrophe minière de Courrières en 1906 : de poussière et de feu
Le 10 mars 1906, une explosion dévaste 110 kilomètres de galeries sous Courrières, dans le bassin minier du Pas-de-Calais. 1 099 mineurs périssent dans une déflagration de poussière et de feu, la pire catastrophe minière d’Europe. Mais au fond de cette géhenne, quatorze rescapés reviennent à la lumière après vingt jours dans l’obscurité. Ce récit brûlant, entre révolte, silence et miracle, vous entraîne dans un monde de charbon, d’injustice et de mémoire. Ernest, notre pigeon voyageur, nous livre ici son billet le plus sombre.

La catastrophe minière de Courrières en 1906 - ©itinair'bis ©LePetitJournal 1906
Le
05
May
2025
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Pas-de-Calais tourisme - Lens Tourisme
Une explosion dévastatrice
À 6 heures du matin le 10 mars 1906, plus de 1 600 mineurs descendent dans les fosses de Courrières dans le bassin minier du Pas-de-Calais. Ces travailleurs, composés d’hommes et d'enfants sont plongés dans l’obscurité des galeries profondes. Le 10 mars 1906 tout semble normal. Les puits sont sécurisés mais la routine se brise à 6h30. Une épaisse fumée noire s’échappe des galeries et une déflagration dévastatrice secoue le sol. La poussière de charbon provoque un incendie à une vitesse effroyable, engloutissant 110 kilomètres de galeries en moins de deux minutes.
Des flammes infernales et une lutte pour la survie
La mine devient un véritable champ de bataille. Les gaz toxiques envahissent l’air tandis que les corps des travailleurs tombent les uns après les autres. Les structures métalliques et les équipements sont pulvérisés par l'explosion. Les témoins, aveuglés et brûlés, errent dans les galeries à la recherche de secours. À la surface, les proches des mineurs attendent des nouvelles tandis que la Compagnie des mines tente de contrôler la situation en murant les galeries pour étouffer le feu.
Le silence du deuil et le miracle des rescapés
Le 13 mars sous une neige froide et persistante, les corps des victimes sont enterrés dans une fosse commune sans nom et sans croix. Mais derrière la douleur et le chagrin, un miracle survient. Le 30 mars, treize hommes survivants de cette apocalypse souterraine refont surface après 20 jours passés dans l’obscurité. Le 4 avril, un quatorzième rescapé, Auguste Berthou est retrouvé. Le mot « rescapé » fait son entrée dans le vocabulaire français et l’horreur laisse place à un épais sentiment de colère et de révolte.
Une révolte ouvrière et une reconnaissance nationale
Suite à la catastrophe ; les mineurs du bassin se lèvent en grève pour dénoncer les conditions de travail inhumaines et les salaires dérisoires. Des tensions sociales éclatent et Georges Clémenceau, ministre de l’Intérieur envoie l’armée pour maintenir l’ordre. Toutefois, cette révolte aboutira à l’adoption de la loi du dimanche chômé, une avancée dans la reconnaissance des droits des travailleurs.
La mémoire de Courrières aujourd’hui
Aujourd'hui, la mémoire de Courrières se perpétue à travers des monuments et des stèles ainsi que dans les mémoires des familles qui ont perdu des proches dans cette tragédie. La catastrophe a laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du bassin minier où l’ombre des gueules noires continue de hanter les lieux. Mais au-delà de la souffrance, elle a aussi suscité un réveil social et une prise de conscience collective sur les conditions de travail et la vie des ouvriers.
Une tragédie, mais aussi une leçon d’humanité
Le drame de Courrières n'est pas qu'un simple événement historique. C’est un témoignage d’une époque, d’un combat social, et d’une mémoire collective. Aujourd’hui encore, la mémoire des 1 099 victimes reste un symbole de la résistance des gueules noires et de la lutte pour des conditions de travail plus humaines.
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