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La piscine Art déco de Bruay, miroir d’un passé noir dans l’eau azur
Joyau Art déco ou témoignage d’un passé encore vibrant ? La piscine de Bruay-la-Buissière, inaugurée en 1936, est un bijou architectural, miroir de l’histoire sociale des mineurs et d’une quête d’égalité. Ernest, notre pigeon voyageur, nous livre un billet empreint d’émotion, entre souvenirs baignés de soleil et clapotis d’une époque révolue.

La piscine Art déco de Bruay-la-Buissière - ©Béthune Bruay Tourisme
Le
05
May
2025
En partenariat avec
Pas-de-Calais tourisme - Béthune Bruay tourisme
La piscine Art déco de Bruay : un bijou social au cœur du bassin minier
Construite en 1936, la piscine de Bruay-la-Buissière est bien plus qu’un lieu de baignade : c’est un symbole d’égalité sociale né avec les congés payés du Front populaire. Pensée comme un manifeste architectural Art déco, elle incarne la volonté de rendre le sport accessible à tous, dans un cadre inspiré des paquebots transatlantiques.
Un chef-d’œuvre Art déco aux proportions monumentales
Imaginée par l’architecte Paul Hanote, la piscine de Bruay impressionne encore par son allure imposante et son élégance fonctionnelle. Avec ses 70 mètres de long, elle abrite trois bassins pouvant accueillir jusqu’à 600 baigneurs dominés par un plongeoir de cinq mètres. Ses 224 cabines et quatre vestiaires témoignent d’une volonté d’accueil généreuse et accessible. L’esthétique Art déco s’y démontre : entre lignes épurées, volumes équilibrés, surfaces lisses et symétrie rigoureuse. Conçue en béton armé, cette structure moderniste des années 30 élève le loisir populaire au rang d’architecture emblématique entre beauté géométrique et progrès social.
La revanche des mineurs sur la chaleur et la poussière
Avant son ouverture, les mineurs de Bruay n’avaient pour se rafraîchir que les rivières boueuses ou les bassins miniers. La piscine représentait alors une véritable revanche sociale, une échappée belle face à la dureté du travail sous terre. L’été, elle devenait un lieu de renaissance pour des familles entières venues des corons.
Une mémoire encore vivante
Les souvenirs de la piscine remontent avec une clarté émouvante : les sauts téméraires du maître-nageur Massinon toujours prêt à défier la pluie et le vent pour se lancer du plongeoir, les rires des enfants résonnent dans l’écho du grand bassin et Marthe, la vendeuse de bonbons avec ses douceurs à la menthe propose une pause sucrée dans un moment sacré. On se souvient aussi des figures locales comme Lucien, Yvette, René et Paulette, qui venaient ici partager des moments simples mais précieux. La piscine n’était pas seulement un lieu de loisir mais un véritable théâtre du quotidien ouvrier, où les corps fatigués des mineurs retrouvaient légèreté et éclats de joie loin de la poussière noire des fosses.
Une restauration fidèle à l’âme d’origine
Si la ville s’est transformée et les mines ont fermé, la piscine demeure, restaurée avec soin. Plus chaude et plus sécurisée mais toujours empreinte de son histoire. Elle continue de proposer une parenthèse de bien-être entre ciel bleu et carreaux de faïence aux habitants comme aux visiteurs.
Une invitation à l’émotion et à la mémoire collective
Prenez le temps de la visiter. Écoutez le clapotis de l’eau et admirez la symétrie parfaite. Ressentez le passé dans chaque éclat de faïence. Peut-être entendrez-vous encore les échos des rires d’antan, dans ce lieu suspendu entre mémoire et modernité.
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